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Fenêtres sur le passé

1938

L'ancien quartier du Pavé
Morlaix par l'image

 

L'ancien quartier du Pavé Morlaix.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 18 mai 1938

 

Nous avons publié une photographie de la place Émile Souvestre, vers 1880 alors que le pont Notre-Dame existait encore et que le Quefflent coulait à ciel ouvert, depuis la rue de Brest, entre le pâté de maisons occupé aujourd'hui par les magasins Château-Jobert, le débit-tabacs Charles Elléouet, l'estaminet Bozellec, les magasins Singer, et les dépendances de l'hôtel de Saint-Prix (ancien hôtel de Coatlosquet), qui prenait une grande partie de la place actuelle.

 

Nous allons parler aujourd'hui de l'ancien quartier du pavé, devenu la rue Carnot, que la lithographie que nous reproduisons représente aussi fidèlement que possible, tel qu'il était à la fin du XVIIIe siècle.

D'après Francis Gouin, auteur des « Recherches historiques sur la ville et communautés de Morlaix » publiées en 1838, Morlaix avait alors à peu près le même développement que vers la moitié du XVIe siècle.

                           

La ville close possédait au XVIIIe siècle cinq portes fortifiées et 24 portes qui, toutes étaient soigneusement fermées la nuit.

 

Les portes fortifiées étaient :

La porte Notre-Dame à l'extrémité nord de cette rue ;

la porte du Pavé, que l'on aperçoit sur notre photo, qui donnait accès de la rue du Pavé (rue Carnot) à la place de Viarmes (coin de l'hôtel d'Europe et de l'épicerie Le Moal) ;

la porte de la Prison, au milieu de la venelle des Halles ;

la porte Saint-Yves, au bas des escaliers du château, et enfin la porte de Bourret, à l'extrémité ouest de la rue Carnot

(emplacement des magasins Château-Jobert).

 

Dans l'histoire de Morlaix de Daumesnil nous lisons ce qui suit relatif au quartier du Pavé :

« Le pavé était naguère le quartier où semblait revivre le XVe siècle...

 

Les deux maisons qui s'élevaient avec une double façade aux angles de la rue du Pont-Notre-Dame, étaient des plus originales.

La première, au n° 9, était ornée au rez-de-chaussée d'une petite figure qui semblait supporter avec peine tout l'édifice.

Au-dessus, dans une niche à pinacles, se détachait la statue de saint Roch, accompagné de son chien fidèle, qui s'élevait sur ses pattes de derrière pour regarder son maître d'un air attentif.

Au second se trouvait la figure de saint François qui montrait ses stigmates, on y voyait encore la vierge et sainte Catherine.

La façade qui se trouvait sur la rue du Pont-Notre-Dame, était ornée de quinze personnages, parmi lesquels on distinguait un saint Nicolas, un bateleur, qui, de ses deux mains, relevait la jambe gauche pour porter son pied jusqu'au menton, et un homme sauvage armé d'une main d'un bouclier, sur lequel était gravée une tête de méduse et de l'autre, d'un bâton noueux.

La maison moderne n'a conservé qu'un bonhomme en chemise qui semble grelotter de froid.

 

L'autre maison, qui était vis-à-vis de celle que nous venons de décrire, et qui avait le n° 7, portait à l'angle un joueur de biniou ;

cette figure grossière de sculpture, mais charmante de naïveté, d'attitude et d'expression, a été conservée et on la voit encore à l'angle de la nouvelle maison qui porte aussi le n° 7 (aujourd'hui la bijouterie Fombaron).

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La rue Carnot 1938 - Morlaix.jpg

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La musique municipale venait tous les ans, le soir de la Sainte Cécile, donner une sérénade au vieux sonneur, patron des ménétriers qui font danser depuis des siècles les filles et les garçons dans les pardons de l'Armorique ;

les amateurs trouveront cette figure curieuse dans l'ouvrage que le baron Taylor a consacré à la Bretagne.

Au-dessus du joueur de biniou, était l'image de saint Martin, et au second étage était placée la statue de saint Michel.

Ces saints personnages étaient accompagnés de grotesques, parmi lesquels figuraient des buveurs d'une bonne facture, une vieille qui filait et un homme barbu.

Si on repassait devant le n° 9, on arrivait au n° 11 ;

cette maison avait aussi deux figurines qui ne manquaient pas de mérite ;

l'une représentait un fou jouant sur sa marotte et un autre grotesque qui se tirait la barbe en faisant une horrible grimace.

Le peuple les désignait sous le nom de Cornus et de Momus ;

ces deux caricatures semblaient servir d'enseigne à la librairie de M. Ledan, à qui appartenait cette maison.

 

La rue Notre-Dame conserva plusieurs vieilles maisons à pignon pointu jusqu'en 1903.

Parmi ces maisons se trouvaient l'auberge du « Cheval-Rouge », dont les tenanciers conservaient à titre de curiosité, la clef de l'ancienne porte fortifiée.

 

La rue du Pavé offrit jusqu'en 1850, deux pittoresques rangées de maisons médiévales.

C'est dans l'une d'elles que se tenait l'imprimerie Ledan, remplacée aujourd'hui par le magasin de MM. Faou et Chauvin.

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