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Fenêtres sur le passé

1929

Le bout du monde

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Source : Lecture pour tous 1er  janvier 1929

 

OUESSANT, « l'île d'Épouvante », abrite une population de rudes marins et de pêcheurs qu'un beau film

de M. Jean Epstein : Finis Terrae (Le Bout du Monde), va faire vivre sur l'écran.

Il a été tourné exclusivement avec les habitants d'Ouessant et des îlots proches.

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Les goémoniers sont nombreux dans l'archipel.

À l'étale des marées basses, leurs barques fouillent les moindres criques avec une faucille longuement emmanchée.

Le goémon ainsi fauché sur les rochers est ensuite séché à demi au soleil, puis, brûlé dans un four creusé en plein sol.

Les cendres résultant de ce brûlage, qui répand une très acre fumée iodée, contiennent une forte proportion de soude et se vendent jusqu'à 2 000 francs la tonne aux usines du littoral,

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Voici, vu de la falaise où se dresse le phare, le petit port de Molène, qui manque de fond,

mais constitue un abri suffisant pour les barques consentant à l'échouage.

L'île est curieuse, mais peu avenante, avec ses maisons entassées, ses ruelles étroites.

Pas de source : l'eau de citerne suffit à tout, et le goût de la cuisine s'en ressent.

Aussi l'île est-elle peu fréquentée des touristes.

M. Jean Epstein y vécut de la vie même des pêcheurs, qui furent ses collaborateurs,

puisque aucun acteur professionnel ne figure dans son film émouvant.

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L’équipage du canot de Molène, îlot voisin d'Ouessant,

est un de ceux qui sont le plus souvent à la peine et à l'honneur.

Son patron est titulaire d'une douzaine de médailles, chèrement gagnées.

Quand ils n'embarquent pas pour aller sauver quelque navire en détresse,

les Molénais ont souvent à transporter leur médecin dans île voisine, où des soins urgents réclament sa présence.

Celui-ci, qu’on voit à droite, l'aviron en main, a sa place au banc des rameurs,

en bon Ouessantin familiarisé avec la manœuvre.

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Ces deux pêcheuses qui n’ont peut-être jamais quitté leur farouche archipel,

nous apparaissent dans le feu d'une querelle qui les met aux prises.

Petit conflit vite apaisé qui alimentera les propos, le soir, à la veillée, dans le petit cercle des tricoteuses groupées autour d’un bol de café.

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Et il va sans dire qu’on y parlera aussi du prochain mariage.

Les jeunes gens, dédaignant le continent proche, « la grande terre »,

ne cherchent guère femme ailleurs que dans leur île.

Ils n'ont que l'embarras du choix, car les filles sont bien plus nombreuses que les garçons à Ouessant

et dans les îles voisines.

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Les Molénais passent pour les meilleurs homardiers et langoustiers de l'archipel.

La pose des casiers, qu'on voit ici séchant sur le port, avant le départ des pêcheurs,

et ensuite leur relève, occupe des flottilles entières, naviguant dans un dédale de rochers couverts

de goémons visqueux où la force des courants ajoute ses dangers à celui des écueils innombrables.

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