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Fenêtres sur le passé
1928
Les vaccins dans l'élevage

Source : La Dépêche de Brest 3 mars 1928
Auteur : André MERLE,
Directeur des services vétérinaires du Finistère.
Directeur des services vétérinaires au ministère de l'agriculture
Secrétaire général de l'Office international des épizooties
À présent que nous avons essayé de faire comprendre, en général,
ce que sont les vaccins et les sérums, que l'on sait à peu près comment en principe on les obtient, nous voudrions dire
quelques mots de leur utilisation pratique,
de leurs qualités et aussi de leurs défauts.
L'immunité créée par les vaccins est une immunité « active »
qui est due au propre travail de l'organisme vacciné,
il s'ensuit qu'elle n'existe pas immédiatement après la vaccination, mais qu'il lui faut un certain délai pour s'établir,
qui peut varier de une à trois semaines Il peut donc arriver que, pendant ce laps de temps, en dépit du vaccin, la maladie se déclare.

Et si le vacciné, affaibli nous le savons, par l'effet de l'inoculation se trouve dans un milieu où règne justement
la maladie contre laquelle on désire le préserver, sa moindre résistance à ce moment précis le rend plus apte
à contracter l'affection.
Le résultat obtenu sera par conséquent exactement contraire à celui cherché.
Pour cette raison, dans les exploitations où règne une épidémie,
il est prudent de ne vacciner contre elle qu’avec une prudence extrême ;
on évitera ainsi les accidents pénibles, qui, avant que ces faits ne soient connus ont discrédité l'usage des vaccins auprès des éleveurs ou des praticiens.
Ces erreurs ne sont plus permises aujourd'hui,
mais encore faut-il que l’on sache bien que
toute vaccination constitue une intervention délicate
qui comporte la stricte observation des règles établies
pour chaque maladie infectieuse.
Il est d'autre part bien clair qu'un vaccin n'est efficace
que contre la maladie pour laquelle il a été préparé.
Avant de l'employer il importe donc que le diagnostic précis de l'affection en présence de laquelle on se trouve
soit formellement posé.
Ceci est d'une évidence telle que bien rares sont ceux qui se soumettent à ses exigences.

Department of Agriculture, State of Tennessee, Nashville
Year: 1913 (1910s)
Authors: Tennessee. Bureau of Agriculture, Statistics, and Mines
Classical swine fever
Publisher: (Nashville) Contributing Library:
The Library of Congress
Certains font vacciner leurs porcs contre le rouget parce que leurs animaux présentent les signes d’une maladie
à peu près semblable à celle qui a frappé il y a quelque temps la porcherie du voisin où le vaccin contre le rouget
a fait merveille ;
or il peut très bien s'agir d'une maladie différente de la pneumo-entérite, par exemple,
et contre laquelle le vaccin anti-rouget n'a aucune valeur.
Bien plus, ces éleveurs peu avertis, sollicités parfois
par les charlatans qui arrivent à se procurer vaccins et sérums, risquent en procédant de la sorte d'introduire
dans leurs porcheries ou leurs étables les maladies
qu’ils cherchent à éviter.
Il faut bien se dire que lorsqu'on vaccine un animal
on lui inocule une maladie, très atténuée il est vrai,
mais enfin contre laquelle il doit se défendre.
Il en résulte que seuls les animaux en bonne santé
doivent recevoir le vaccin ;
qu'après l'opération, ils doivent être places
dans des conditions capables de leur permettre
le maximum de résistance :
diminution du travail, bonne nourriture, hygiène.

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Year: 1913 (1910s)
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Classical swine fever
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L'expérience a montré aussi que certaines époques de la vie, certaines saisons, sont plus favorables que d'autres
à la vaccination, que dans certains cas les vaccins doivent être inoculés en des régions déterminées du corps
des animaux, la résistance des vaccinés pouvant varier selon la facilité avec laquelle s'opère la résorption, qu'enfin il est des interventions qui ne peuvent être faites qu'en deux fois, la dose la moins virulente étant injectée la première.
Ces quelques observations, montrent que si parfois des vaccins d'une valeur éprouvée, se sont montrés inefficaces
et même dangereux entre des mains maladroites, il ne faut en accuser que l'ignorance de ceux qui les ont employés.
Et on n'arrive pas à s'expliquer pourquoi les nombreux projets de loi
qui tendent à réserver aux seuls praticiens diplômés l'usage des vaccins
sont demeurés jusqu'ici sans effet
« La bêtise humaine disait Ernest Renan donne la notion de l'infini ».
On n'en a pas encore découvert le vaccin.
La réaction qui suit toutes les vaccinations, les petits accidents locaux
ou généraux qu'elles déterminent sont nécessaires pour montrer la réussite
de l'opération, la « prise » du vaccin ;
on le sait bien par exemple en ce qui concerne la vaccination contre la variole qui se traduit par de la tuméfaction, de la suppuration, de la fièvre, etc

Ernest Renan (1823-1892)
Antony-Samuel Adam-Salomon
The Art Institute of Chicago
C'est seulement lorsque le vacciné est sorti vainqueur de cette maladie avortée
qu'il possède l'immunité ; si celle-ci est assez longue à s'établir,
elle est par contre durable et se manifeste pendant au moins un an et pendant toute cette période,
l'animal pourra être mis au contact de malades, être même inoculé du germe spécifique de l'affection,
sans avoir à en craindre les atteintes.
Il ne reste donc, pour que la vaccination soit parfaite,
qu'à assurer l’immunité pendant les quelques jours
qui suivent l'opération.
Et comme on n'intervient généralement qu'en période
de maladie, que c'est à ce moment que les sujets encore indemnes sont le plus exposés, il fallait de toute nécessité trouver un moyen de conférer une immunité immédiate capable d'être entretenue jusqu'à l'apparition de l'immunité durable procurée par le vaccin.
C'est là le rôle important des sérums.
Les sérums ne contiennent jamais le germe de la maladie,
par conséquent ils n'offrent pas les dangers des vaccins,
sont absolument incapables de provoquer l'infection
contre laquelle on les utilise.

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En outre, si le vaccin détermine chez l'animal la production d'éléments de défense, production assez lente,
le sérum apporte ces éléments tout préparés, les animaux qui le reçoivent sont immédiatement préservés.
Il peut donc être utilisé en cours d'épidémie, sur des animaux au contact des malades et même en période d'incubation.
Et l'on devine comment, en la circonstance, l'action du sérum est heureusement complémentaire de, celle des vaccins :
la résistance qu'ils apportent est de peu de durée,
quelque jours généralement, mais à la faveur
de cette résistance il est possible d'introduire sans dange
r le vaccin qui procurera une immunité bien plus longue.
Cette méthode si couramment employée
en médecine vétérinaire s'appelle la séro-vaccination.
Certains sérums ont non seulement la propriété de prévenir les maladies mais encore le pouvoir de guérir
les animaux malades.

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Ils sont alors employés à fortes doses et autant que possible au début de l'affection ;
le sérum contre le rouget du porc, celui contre le croup des enfants sont des types de ces sérums curatifs.
Le sérum contre le tétanos au contraire n'a qu'un pouvoir plus particulièrement préventif.
En terminant cette série de causeries,
peut-être un peu longue, reconnaissons les immenses avantages que l'élevage peut retirer de l'emploi intelligent des sérums et des vaccins.
Ils ont changé depuis cinquante ans l'orientation de la médecine et ont rendu non seulement à l'agriculture,
mais à l'humanité des services incalculables.
Et n'est-il pas bon de se rappeler de temps en temps
que ces grandes découvertes ont pu être réalisées grâce
au génie d'un français : Louis Pasteur.

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