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Fenêtres sur le passé

1905

Une Bretonne de Morlaix assassinée
Le crime de l'avenue de Clichy à Paris

 

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Source : La Dépêche de Brest 29 décembre 1905

 

Deux locataires d'un hôtel meublé portant le n° 65 de l'avenue de Clichy, à Paris, ont assassiné dans la chambre n°11, qu'ils occupaient, la logeuse de cet hôtel, une dame Marie-Yvonne Kérilis, née le 20 septembre 1875,

à Garlan, près Morlaix, puis ont pris la fuite.

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Ces deux locataires étaient arrivés à l'hôtel le 16 décembre dernier et s'étaient fait inscrire sous le nom de Paul Cressent, ingénieur, et Georgette Cressent, sa femme, venant de Neuilly-sur-Seine où ils habitaient, dirent-ils,

19, rue de Sablon ville.

Ils recevaient fréquemment un troisième individu, à qui ils donnaient l'hospitalité,

contrairement aux règlements de l'hôtel.

 

La victime, alors qu'elle était placée comme bonne chez M. Harlen, 47, avenue de l'Opéra, avait fait la connaissance d'un employé du cercle militaire, M. Berthier, en instance de divorce.

Tous deux avaient réuni leurs économies et avaient acheté pour 5.000 francs l'hôtel où Mlle Kérilis devait être assassinée, aux époux Mondot établis aujourd'hui à Bagnolet.

 

Les assassins semblaient vivre misérablement ; ils faisaient la cuisine dans leur chambre, en compagnie du troisième individu qu'ils hébergeaient, et sur lequel on ne sait rien.

À diverses reprises, Mlle Kérilis les avait priés de ne pas faire coucher chez eux ce compagnon, car cela était contraire aux règlements de l'hôtel.

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On n'a pu fournir à la police qu'un signalement très vague du couple Cressent, qui ne fréquentait personne dans l'hôtel.

De son côté, M. Berthier, occupé pendant la journée au cercle militaire, ne les avait vus qu'une fois.

Tout ce qu'on sait d'eux, c'est que le pseudo Cressent, de taille moyenne, aux cheveux blonds et à la petite moustache blonde, paraissait avoir une trentaine d'années ;

la femme, mince et de grande taille, au visage allongé, à la mine dure, ses cheveux bruns coiffés en bandeaux, paraissait en avoir vingt-huit.

 

Le commissaire de police a fait prévenir le frère de la victime, M. Kérilis, mécanicien,

qui habite 27, rue Fondary, à Grenelle.

 

Dans la soirée, le corps a été transféré à la morgue.

Les scellés ont été apposés sur les meubles de Mlle Kérilis.

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Source : Le Petit Parisien 28 décembre 1905

 

Le plus profond mystère continue à planer, tant sur le mobile du crime commis avant-hier à l'hôtel des Deux-Avenues, 65, avenue de Clichy, que sur l'identité des coupables.

Ceux-ci ont perpétré leur forfait, en plein jour, avec une audace sans égale.

On possède leur signalement exact, précis, mais c'est tout.

Qui sont-ils ?

Pourquoi ont-ils tué ?

On l'ignore encore à l'heure actuelle.

Ce qui semble ressortir des constatations, c'est que ce ne fut point l'intention de voler qui les fit agir, comme on le verra plus loin.

Bref, l'affaire se présente sous l'aspect le plus singulier.

La suite de l'enquête l'éclaircira, sans doute ;

mais, pour l'instant, la justice en est réduite aux hypothèses.

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L'immeuble occupé par l'hôtel des Deux-Avenues fait l'angle des avenues de Clichy et de Saint-Ouen.

 

Le rez-de-chaussée est loué par deux commerçants un marchand de toiles cirées et de linoleum, et un porcelainier.

 

Les trois étages sont divisés en vingt chambres habitées par des ménages d'ouvriers ou de petits employés.

 

Un couloir étroit aboutit à l’escalier, aux marches raides, qui dessert les étages supérieurs.

Le bureau de l'hôtel s'ouvre sur un petit palier, au premier étage ; une cloison vitrée permet de surveiller les allées et venues des locataires, tous gens paisibles.

C'est dans cette pièce, prenant jour sur l'avenue de Clichy par une fenêtre garnie de coquets rideaux de dentelle et de brise-bise, que se tenait d'ordinaire l’hôtelière assassinée, la malheureuse Marie-Yvonne Kérilis.

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On a pu établir l'état civil exact de cette malheureuse.

Elle était née le 20 septembre 1875, à Garlan, près de Morlaix (Finistère).

Mettant en commun ses économies avec celles de son amant, tous deux avaient acheté l'hôtel

pour la somme de 5,000 francs,

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Nous avons dit, hier, que la chambre dans laquelle le crime a été commis était, depuis le 16 décembre, occupée par un couple qui s'était fait inscrire sur les registres de l'hôtel sous le nom de Paul et Georgette Cressent.

Ils disaient avoir habité en dernier lieu rue de Sablonville, 19, Neuilly-sur-Seine.

C'était une indication fausse.

Des agents de la sûreté s'étant rendus, l'avant-dernière nuit à Neuilly, ont pu s'en convaincre.

 

À l’adresse indiquée par le prétendu Cressent, est située une boulangerie tenue par M. Bouttin.

Dans la maison se trouvaient bien deux chambres qu'on loue en garni, mais celles-ci ne reçurent jamais de locataires du nom de Cressent ou répondant au signalement que l'on donne du couple mystérieux qui descendit à l'hôtel des Deux-Avenues.

 

L'homme, blond, de taille moyenne, se disait âgé de trente ans et employé de commerce.

La femme, brune, grande, mince, le visage allongé, âgée de vingt-huit ans, à figure revêche, portait les cheveux sépares en bandeaux sur le front.

Leurs bagages se composaient de quelques bardes qu'ils ont pu emporter facilement au moment de leur fuite, mais le pseudo-Cressent a oublié un tricot de chasse en laine marron.

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Ils ne paraissaient pas très aisés et se faisaient tirer l'oreille pour régler une petite note qui s'accroissait chaque jour.

Le Jeune couple n'habitait point seul la petite chambre modestement meublée d'un lit de cuivre, d'une commode, d'une table de toilette et de deux chaises.

Peu de temps après l'installation du pseudo Paul Cressent, un de ses amis s'était fait présenter à l'hôtel des Deux-Avenues et avait demandé à louer la chambre voisine de celle qu'il occupait.

Comme cette chambre n'était point libre, le jeune homme avait insisté et, en attendant, avait accepté l'hospitalité de ses amis, partageant leurs repas.

 

Mardi matin, Paul Cressent c'est là un des renseignements recueillis par l'enquête avait prié Mlle Kérilis de préparer trois déjeuners qu'elle servit elle-même dans la chambre 11, la chambre du crime.

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Parmi les témoins entendus hier par M. Ausset, juge d'instruction, figure une femme qu'employait l'hôtelière pour la seconder dans les gros travaux.

Elle a raconté que le matin du crime, cirant l'escalier en face de la chambre « des Crussent », elle avait perçu des bruits de voix.

Elle tendit l'oreille et entendit Cressent dire à Mlle Kérilis :

« Aujourd'hui, nous déjeunons dans notre chambre faites-nous à manger. Voici de l'argent. »

 

Quelques minutes plus tard, Mlle Kérilis descendait au bureau de l'hôtel avec une pièce de 20 francs, que les locataires du numéro 11 lui avaient remise.

Voici donc un point acquis.

 

Le trio était encore là à une heure de l'après-midi, quand Mlle Kérilis apporta le café.

Qu'advint-il ensuit ?

Ici commence le mystère.

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Après avoir servi ses locataires auxquels, le matin même, Mlle Kérilis avait réclamé le paiement de l'arriéré,

il est certain que la jeune femme redescendit au bureau de l'hôtel, dont elle ferma soigneusement la porte à clé avant de commencer le nettoyage des chambres dont les locataires étaient absents.

 

Ce détail est confirmé par la découverte du trousseau de clés déposé par elle sur la tablette de cheminée d’une chambre du deuxième étage où elle faisait le lit lorsque les locataires du n° 11 l'appelèrent.

Dans cette chambre elle laissa son balai pour monter à l'étage supérieur.

 

Lorsqu'on a relevé le cadavre, on a constaté que Mme Kérilis avait, ce jour-là, revêtu sa meilleure robe.

Cependant, en semaine, elle était toujours en tenue négligée.

On suppose donc qu'elle a dû faire une course urgente et avait été peut-être attirée au dehors sous un prétexte qu'on ne connaît pas encore, peu de temps avant le crime.

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Autre particularité étrange l'anneau de fiançailles que la victime portait au doigt a disparu, mais les coupables n'ont pénétré ni dans le bureau de l'hôtel ni dans la cuisine où fut retrouvé le porte-monnaie de Mlle Yvonne Kérilis, une petite bourse en cuir forme « officier » contenant une somme de 54 fr. 50.

 

Au cours de ses investigations sommaires dans la chambre du crime, M. Coston, commissaire de police, a fait d'intéressantes constatations.

 

Le trio avait fait emplette de différents ustensiles de cuisine un poêle, une casserole, trois assiettes, trois couverts en métal, trois verres.

Donc, le crime commis par l'un des associés ne peut être ignoré de chacun des autres.

Tous trois ayant disparu ensemble, il est probable sinon certain que tous trois jouèrent un rôle dans cette tragique affaire.

C'est un assassinat collectif.

Sur le rebord de la fenêtre et retenu par les volets clos, le magistrat a recueilli un paquet de linge avant servi à essuyer le carrelage de la chambre et dans lequel ont été retrouvées des déjections.

 

Pendant son séjour à l'hôtel des Deux-Avenues, Cressent était coiffé d'un chapeau melon noir et vêtu d'un pardessus foncé.

Son aspect général est celui d'un employé sans travail ou d'un camelot.

Quant à Georgette Cressent, on la voyait souvent vêtue d’une jupe rouge avec volants ou d'une jupe noire.

Elle portait un paletot-sac noir et était toujours tête nue.

Tous deux restaient presque des journées entières dans leur chambre.

 

Nous avons pu joindre, hier soir, Mme Berthier, l'épouse divorcée de l'amant d'Yvonne Kérilis.

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Sous le nom de Mlle Dubois, Mme Berthier habite seule, au numéro 235 de la rue Saint-Martin, une modeste chambre au sixième étage de la maison.

Très bien considérée dans son entourage, elle est employée comme ouvrière dans un Magasin de fourrures.

 

« J'ai épousé François Berthier il y a cinq ans, nous dit notre interlocutrice, et je dois vous dire que notre ménage n'a jamais été uni.

Presque journellement, mon mari rentrait vers le matin et, quand je me permettais de timides observations, il me faisait une scène.

À cette époque, nous habitions rue de l'Échiquier, et, finalement, il me quitta pour aller s'installer 40, rue de Cléry.

 

C'est alors que j'ai demandé le divorce, sans plus m'occuper de mon mari, dont je regrettais peu le départ.

 

Il y a trois semaines environ, trouvant que les formalités du divorce traînaient en longueur, je résolus de faire prendre mon mari en flagrant délit d'adultère.

Je savais qu'il vivait maritalement avec une femme.

 

J'allai l'attendre un soir au Cercle militaire et je le suivis à distance.

C'est ainsi que j'appris sa nouvelle adresse, 65, avenue de Clichy.

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Le dimanche suivant, je me pendis, avec un témoin, à l'hôtel des Deux-Avenues.

Je demandai à louer une chambra sa maîtresse me reçut.

J'allais réussir à la faire parler quand mon mari survint et me pourchassa dans l'escalier.

Depuis lors je n'ai pas remis les pieds avenue de Clichy.

D'ailleurs, je n'avais plus rien à y faire, le divorce ayant été prononcé quelques jours plus tard, le 30 novembre dernier.

Ce n'est que ce soir, par ma concierge, que j'ai appris le drame.

Ne lisant pas les journaux, trop occupée par mon travail, j'ignorais cette affaire et d'ailleurs, puisque je suis divorcée, les affaires de mon mari ne me concernent plus. »

 

Mme Berthier ajouta

 

« Je plains seulement cette pauvre femme. Elle a fait mon malheur, mais elle en a été bien punie »

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Le frère de la victime, M. Kérilis, ouvrier mécanicien, habite 25, rue Fondary, à Grenelle.

 

C'est par le Petit Parisien, nous a-t-il dit, que j'ai appris, ce matin, la fin tragique de ma pauvre sœur.

Depuis une dizaine de mois, j'avais rompu toutes relations avec elle.

J'ignorais même où elle habitait.

 

Ma sœur Yvonne était la plus jeune des neuf enfants de la famille, qui, comme vous le savez, est originaire de Garlan en Bretagne, où mon père, âgé de soixante-seize ans, est cultivateur.

Quand elle est venue Paris, elle est d'abord descendue chez nous ;

c'était une véritable enfant, gaie, rieuse, un vrai pinson.

Bientôt, elle nous quitta pour entrer comme cuisinière chez M. ArIès, coiffeur, 45, avenue de l'Opéra, où elle fut traitée comme l'enfant de la maison.

C'est là sans doute qu'elle a fait la connaissance de Louis Berthier, qui travaillait à côté du domicile de ses maîtres.

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Un jour, il y a de cela six mois, elle nous amena son ami, avec qui elle devait se marier sitôt que le divorce serait prononcé.

 

Naturellement je lui fis quelques observations à ce sujet, essayant de lui faire comprendre qu'elle aurait pu choisir quelqu'un de libre, et que le fait d'avoir pour amant un homme marié, pourrait bien lui attirer des désagréments de la part de la femme légitime.

 

Au lieu de m'écouter, Yvonne le prit de très haut et m'assura que Louis Berthier était le meilleur des hommes, que son patron avait pris des renseignements sur lui, et qu'ils avaient été excellents.

 

D'ailleurs, ajouta-t-elle, je suis assez grande fille pour savoir ce que je fais.

 

Depuis lors, je ne l'avais plus revue, termina M. Kérilis.

 

Le corps de Mlle Kérilis, qui était resté dans la chambre numéro 11, a été mis en bière à midi et transporté, vers une heure de l'après-midi, à la morgue, où M. le docteur Socquet procédera à l'autopsie.

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L'opinion du médecin légiste est que la mort de la jeune femme parait être la conséquence

d'une émotion violente plutôt que des suites d'une strangulation.

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Source : Le Petit Parisien 29 décembre 1905

 

La nuit dernière, les inspecteurs du service de la sûreté et ceux de la brigade mobile ont coopéré à des visites domiciliaires dans quelques hôtels meublés et des cabarets ayant pour clientèle habituelle des individus de moralité plus que douteuse.

 

Sans donner de résultats immédiats au point de vue de la découverte des coupables, les recherches, limitées aux environs de la maison du crime, dans les avenues de Clichy, de Saint-Ouen et des Batignolles, ont permis de recueillir des renseignements très précieux au sujet desquels la plus grande réserve s'impose dans l'intérêt de l'enquête.

Bornons-nous à dire que l'on croit avoir pu établir que Paul et Georgette Crescent sont, le premier un ouvrier sans travail et l'autre une fille n'appartenant pas au monde de la galanterie ou une femme qui aurait quitté son mari pour suivre son amant dans sa vie aventureuse.

 

En tout cas, il apparaît nettement que l'état civil du couple a dû être inventé de toutes pièces et que, par conséquent, il a été abandonné par eux aussitôt le crime commis.

 

À deux ou trois reprises, au cours des recherches, les inspecteurs de la sûreté ont ressenti quelque émotion bien légitime en retrouvant sur des registres d'hôtels meublés le nom de Crescent

 

Aucune des pistes ainsi retrouvées n'est la bonne, et les infortunés homonymes ont été plutôt désagréablement surpris des interrogatoires qu'il leur a fallu subir.

 

Comme toujours en pareil cas, la police a retrouvé des gens jusque-là recherchés vainement et qui, en leur for intérieur, doivent maudire les assassins de l'avenue de Clichy, puisque le forfait dont ils sont innocents leur vaudra de faire une nouvelle connaissance avec la police correctionnelle, voire même pour quelques-uns la cour d'assises.

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De déductions en déductions, on en est arrivé à démontrer qu'il faut voir en cette affaire un simple meurtre accompli sans préméditation, et non un assassinat longuement Il est évident, en effet, que si les pseudo-Crescent étaient venus loger à l'hôtel dans l'unique intention d'assassiner Mlle Kérilis, ils auraient, entre le 16, jour de leur arrivée avenue de Clichy et le 26, date du crime, trouvé l’occasion propice de réaliser leur criminel dessein avec plus de facilité et plus de profit.

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On suppose maintenant que la logeuse, ayant en vain demandé le paiement de la semaine écoulée à ses locataires et n'ayant rien pu obtenir d'eux, leur aura reproché non seulement leur dette, mais encore l'infraction aux règlements de police qu’ils commettaient en accordant l'hospitalité à un individu non inscrit sur le livre de l'hôtel.

Une discussion se sera élevée.

Menacée, Mlle Kérilis aura voulu appeler au secours.

C'est alors que, pour étouffer ses cris, les coupables l'ont bâillonnée.

S'il faut s'en rapporter au témoignage de M. Berthier, le bâillon glissa de lui-même sur le cou lorsqu'il voulut le retirer.

Cela démontrerait que le trio ne l'avait pas solidement attaché.

Des témoins avaient déclaré que, à l'heure où fut assassinée Mlle Kérilis, un commissionnaire s'était présenté à l'hôtel des Deux-Avenues et avait enlevé une malle volumineuse que le couple Crescent et leur ami X. avaient fait transporter dans une maison voisine.

 

Le commissionnaire et le légitime propriétaire de la malle ont été d'autant plus facilement retrouvés qu'ils n'avaient, ni l'un ni l'autre, aucun intérêt à se dérober aux recherches de la police.

 

À la suite de certaines dénonciations, la sûreté avait orienté, à certain moment, ses recherches dans le sens d'un drame intime, inspiré par une personne intéressée à la disparition de Mlle Kérilis, mais il a fallu abandonner cette hypothèse.

 

M. le docteur Socquet pratiquera aujourd'hui à la morgue l'autopsie du corps de Mlle Yvonne Kérilis.

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Nous avons hier une personne qui visita l'infortunée Mlle Kérilis quelques jours avant sa mort et reçut d'elle certaines confidences.

Nous reproduisons celles-ci à titre de simple curiosité, car rien ne démontre que les faits dont il s'agit se rapportent à l'affaire.

Mais, en semblable circonstance, rien ne doit être négligé Mlle Kérilis, nous a raconté cette personne, était une excellente femme.

Elle faisait volontiers crédit à ses clients, et nombreux furent ceux qui abusèrent de son bon cœur.

Le mois dernier, elle dut congédier un de ses locataires, garçon peu recommandable, d'origine méridionale, qui refusait de la payer.

Cet individu, nommé P. vivait de la prostitution d'une jeune femme, sa maitresse.

Pour le faire déguerpir, Mlle Kérilis dut le menacer de la police.

P... fut effrayé.

Il déménagea, mais, en s'en allant, il dit à la logeuse qu'il se vengerait, qu'il saurait bien lui faire ou lui faire faire son affaire.

 

Ces menaces avaient fortement impressionné la pauvre femme ; cependant, malgré tous les conseils, elle continua à s'obstiner à demeurer seule, pendant l'absence de M. Berthier.

 

P… en quittant l'hôtel des Deux-Avenues, était allé loger rue des Moines.

Depuis un certain temps on a perdu sa trace, et chose vraiment curieuse, sa disparition coïncide avec l'assassinat de Mlle Kérilis.

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Source : Le Petit Parisien 30 décembre 1905

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La mort de Mlle Kernilis 30 dec 1905.jpg
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