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Fenêtres sur le passé
1900
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Sauvetage maritime à Penfret
Source : La Dépêche de Brest 2 février 1900
Annales du sauvetage maritime - octobre – novembre – décembre 1899
Le 4e fascicule des Annales du sauvetage maritime, mois d'octobre, novembre et décembre 1899, vient de paraître.
Nous y trouvons des notes très intéressantes sur divers sauvetages.
Bien que nous en ayons déjà parlé, nous croyons bon de les rappeler d'après
les Annales de la Société centrale de sauvetage des naufragés :
ÎLE PENFRET
Le 6 septembre 1899, vers onze heures du matin, les enfants du chef guetteur Thépot, du sémaphore de Penfret, péchaient à la ligne à l'extrémité nord de l'île, sur la roche Pen-a-Men, quand tout à coup une lame sourde emporta l'un d'eux, Michel Thépot âgé de neuf ans, ne sachant pas nager.
Aux cris poussés par les autres enfants, le jeune Le Nivès Arsène, âgé de quinze ans, fils du gardien chef du phare de Penfret, qui se tenait non loin de là, se précipita vers le lieu de l'accident.
Il allait se jeter à l'eau pour sauver son jeune camarade quand il avisa une ligne dont il se saisit et qu'il jeta dans la direction du naufragé.
Celui-ci était à ce moment à 14 ou 15 mètres de la rive
et allait couler.
Du premier coup, l'hameçon s'accrocha dans les effets
du petit Thépot ;
le jeune Le Nivès amena vers lui le naufragé,
puis il sauta dans le brisant de la roche pour saisir l’enfant.
Il y parvint, mais au prix de quels dangers :
la mer très grosse le recouvrait à chaque instant,
une grosse lame pouvait surgir et enlever les deux enfants.
Il saisit son jeune camarade, mais chargé de son précieux fardeau, Le Nivès ne pouvait plus se retirer du brisant.
Il appela au secours.
Le père Le Nivès et le gardien Marec faisaient la pêche
dans un canot à 300 mètres là.
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Ils entendirent les appels du fils Le Nivès, quittèrent aussitôt leur mouillage et se dirigèrent
à force de rames vers Pen-a-Men.
En, s'approchant, ils se rendirent compte du danger que couraient les deux enfants.
Ils n'hésitèrent pas à entrer dans le brisant de la roche au risque de chavirer.
Le Nivès, posté à l’avant du bateau, put être assez heureux pour saisir des mains de son fils l'enfant naufragé.
Le sauveteur put alors gravir seul le sommet de la roche.
Par une vive impulsion en arrière, donnée par Marec, la barque sortit des brisants sans avaries.
Le petit Thépot était inanimé.
Les gardiens crurent, pendant quelque temps, être en présence d'un cadavre.
Néanmoins, Le Nivès se mit à frictionner le naufragé,
tandis que Marec dirigeait l'embarcation sur le torpilleur 161, mouillé près de la bouée des Glénans.
L'enfant n'était pas mort.
Après avoir reçu des soins empressés à bord du torpilleur,
le jeune Thépot a été remis sain et sauf à ses parents,
sur la cale de Pors-Event.
Le jeune Le Nivès s'est fait, au cours du sauvetage,
une légère blessure au pied gauche.
Cet émouvant sauvetage nous a paru digne d'être signalé.
L'intelligence, le sang-froid et le courage déployés par Arsène Le Nivès sont dignes des plus grands éloges.
Mais n’est-il pas le fils du gardien chef Le Nivès, patron du canot de sauvetage de Penfret,
dont les actes de courage ne sont plus à compter !
C'est certainement à l'école de son père qu'il a puisé les sentiments d'abnégation dont il vient de faire preuve.
Le rôle des deux gardiens de phare Le Nivès (Gabriel) et Marec (Adrien) est également remarquable.
Sitôt l'alarme donnée, ils se sont précipitamment rendus sur le lieu de l'accident,
ils n'ont pas hésité à entrer dans le brisant de Pen-a-Men pour saisir l’enfant naufragé,
que le jeune sauveteur ne pouvait monter sur la roche.
Ils l’ont soigné, et c'est grâce à leur intelligente intervention qu’on a pu remettre aux parents du jeune Thépot
autre chose qu’un cadavre.
Nous proposons de signaler ce fait à la société centrale de sauvetage des naufragés.
Le conducteur divisionnaire,
DAVEAU.
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