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Source : La Dépêche de Brest 21 décembre 1895

 

Une pêche originale.

 

Hier matin, en fermant la porte du bassin Tourville, après la sortie du Coëtlogon, un banc de mulets s'est trouvé pris dans la forme.

 

La machine ayant épuisé l'eau, on pouvait voir fourmiller le poisson sur le fond, et le personnel ouvrier a été autorisé à descendre dans le bassin, à l'heure de midi, pour faire la pêche.

Mais il y avait encore à ce moment 1 m. 10 à 1 m. 20 d'eau, c'est-à-dire tout ce qu'il fallait pour permettre aux poissons de faire bonne résistance ;

on ne pouvait donc songer à tracasser sérieusement les mulets sans être muni d'un objet quelconque pour l'attraper.

À l'heure dite, on a vu accourir de tous les points de l'arsenal une foule d'ouvriers et de marins armés des engins les plus bizarres et fabriqués à la hâte.

                      

Cette activité faisait pressentir que la lutte allait être chaude et que les mulets n'avaient qu'à bien se tenir.

Quelques pêcheurs avaient installé des sacs au bout de perches et se figuraient que le poisson allait s'y précipiter en masse ;

les autres avaient arrangé des toiles serpillières, des paniers à papier, des seaux, des mannes à lest ;

quelques-uns, plus avisés ou mieux favorisés, possédaient des filets à crevettes, dits « avanos » ;

ce sont les seuls, à peu près, qui aient réussi à capturer un certain nombre de poissons de moyenne dimension.

Quant aux autres, ils se sont mouillés et donné beaucoup de mal en vain.

 

Sur la berge, une foule compacte assistait avec intérêt aux péripéties de cette pêche, qui ne manquait ni d'animation, ni d'originalité.

 

Demain matin, on doit vider complètement l'eau ;

le poisson va donc se trouver à peu près à sec et il sera alors plus facile à prendre, quoi qu'il fasse pour essayer de se soustraire au sort qui l'attend.

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