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Fenêtre sur le passé
1893
Loctudy et Fouesnant pays maraîchers
Source : Le Finistère juillet 1893
Loctudy et Fouesnant pays maraîchers.
Quand on pense que les produits maraîchers de Roscoff ont acquis une si juste renommée, on est étonné de voir qu'on n'ait pas encore essayé sérieusement la même culture en divers points du littoral du département du Finistère.
S'il est vrai, en effet, que les Roscovites doivent la douceur de leur climat au voisinage du « Gulf-Stream »,
qui roulerait son eau bienfaisante non loin de là, il est aussi probable que ce courant d'eau chaude manifeste également sa présence en d'autres endroits de la côte bretonne.
Dans ce cas, pourquoi ne réussirait-on pas à faire de la culture maraîchère en ces derniers lieux ?
À Loctudy, près Pont-l'Abbé ; à Fouesnant, dans la partie de ce canton qui avoisine la mer,
le sol semble aussi favorable que celui de Roscoff et de Saint Pol de Léon, à la production des asperges, choux fleurs, brocolis, artichauts, aulx et oignons.
Les conditions climatiques, si l'on en juge par un simple coup d'œil jeté distraitement sur la carte du Finistère, paraissent également des plus avantageuses pour Loctudy et Fouesnant, qui sont situés au sud de Roscoff,
et par suite plus rapprochés de l'Équateur, source permanente de chaleur.
Non seulement la carte nous fournit ces indications, qui pourraient
être facilement contrôlées, mais les faits prouvent leur exactitude,
donnant ainsi un fondement sérieux à notre hypothèse.
À Loctudy, par exemple, les artichauts, asperges et choux fleurs, poussent comme à Roscoff, et les « primeurs » des marchés de Quimper viennent des environs de Pont-l'Abbé, pour les légumes, et du pays de Fouesnant pour les fruits.
Le « Phoenix reclinata » des botanistes et des horticulteurs, plante de serre tempérée, croit vigoureusement, depuis huit ans, en plein vent, à Loctudy.
Ses feuilles avaient plus de deux mètres de longueur lorsque nous les avons examinées, et il est fort probable que ce genre de palmier n'existe pas
à Roscoff où l'on n'oserait sans doute pas même essayer sa culture
en pleine terre.
L'arbre de la Judée, nous a dit un jardinier, vient également en pleine terre
à la Forêt, près Loctudy, ce qui prouverait que le climat est des plus doux,
en ce point du littoral breton.
À Loctudy, d'ailleurs, les gelées sont rares : l'héliotrope, qui est encore une plante de serre tempérée ou d'orangerie y vient en plein vent.
Couverte de paillis, cette plante odoriférante du Pérou se conserve
très bien dans les massifs, à Loctudy, pendant l'hiver.
Roscoff a bien sa flore aussi, et principalement son figuier gigantesque
et phénoménal, qui est devenu depuis longtemps une des plus grandes curiosités du Léon, mais si Roscoff a son prodigieux « ficus »,
il est bon de noter que ce végétal a dû être convenablement soigné,
et qu'il l'est encore à juste raison.
Ailleurs, à Loctudy, Fouesnant, etc., le figuier vient très bien ;
et les mimosas, quoique très sensibles au froid, croissent également bien sur les bords de l'anse de la Forêt-Fouesnant, où il faut des hivers exceptionnellement rigoureux pour qu'ils gèlent en plein vent.
La conclusion logique à tirer des considérations qui précèdent, à notre modeste avis, est que la culture maraîchère pourrait au moins se faire à Loctudy et à Fouesnant tout aussi bien qu'à Roscoff, et peut-être en bien d'autres cantons du Finistère, que nous ne connaissons pas suffisamment pour nous permettre d'en parler ici.
Le climat de cette partie du littoral breton, d'ailleurs, est d'une douceur exceptionnelle ; les terres y sont profondes et fertiles ; et, jusqu'à preuve contraire, tout nous fait croire qu'on pourrait s'y livrer avantageusement
à la culture maraîchère.
Ce serait là, il nous semble, une culture lucrative et rémunératrice pour le petit propriétaire et le petit fermier,
et il est à désirer qu'elle soit pratiquée sérieusement, ne serait-ce qu'à titre d'essai.
Nous pensons que l'expérience réussirait pleinement, et qu'elle produirait une ample moisson.
De même que les Roscovites, (peut-être plus difficilement dans le début, il est vrai), les maraîchers de la Cornouaille trouveraient de nombreux débouchés à leurs produits ; et sans parcourir toute l'Europe,
comme le font les entreprenants maraîchers du Léon, ils pourraient écouler leurs légumes sur les marchés de France et d'Angleterre, où les pommes de terre, les beurres, les volailles et les œufs de Bretagne
sont déjà des plus appréciés.