top of page

Fenêtre sur le passé

1893

Les oiseaux, leur utilité ...

Source : Le Finistère janvier 1893

Illustrations : www.oisillon.net

 

Les oiseaux, leur utilité, les services et les plaisirs qu'ils nous procurent.

 

Les oiseaux sont nos bienfaiteurs : loin de les détruire, comme nous le faisons, nous devons les protéger

et faciliter leur multiplication le plus possible.

 

Heureux l'agriculteur ou l'horticulteur qui sait les attirer et les retenir sur son domaine ;

car ils l'égayent et l'enrichissent.

 

Sans doute, quelques-uns de ces petits êtres charmants, infatigables

et d'une utilité incontestable, prennent leur nourriture sur les produits

de la terre ; mais, détruire des êtres qui sur mille graines en prélèvent une

est la plus fatale des fautes de calcul et le plus coupable

des actes de l'ingratitude.

 

En effet, que dirait-on d'une personne qui reprocherait au vigneron,

au moissonneur, au cultivateur, de prélever sa boisson, sa nourriture

sur les fruits, la viande et le pain qu'il fait produire et recueille ?

 

Parmi les nombreuses classes d'oiseaux qui se meuvent autour de nous,

il existe deux classes de petits oiseaux qu'il importe de connaître,

et de bien définir, parce qu'ils nous intéressent tout particulièrement

et plus que ne le pensent beaucoup trop de personnes.

 

Rossignol.jpg

Rossignol

Ce sont :

 

1° Les granivores, qui se nourrissent de graines et de fruits ;

 

2° Les insectivores, qui se nourrissent d'insectes.

Ces derniers ne sont peut-être pas les plus nombreux, mais ils sont, que personne ne l'ignore,

les plus utiles au point de vue de l'agriculture, la base de la prospérité et de la richesse des nations.

 

La classe des granivores comprend la plupart des oiseaux de basse-cour, tels que le coq, la poule, le pigeon,

la tourterelle, le paon, le faisan, la pintade, ainsi que la perdrix, la caille qui constituent, en partie,

l'ordre des gallinacées, et quelques petits oiseaux, tels que l'alouette, le bec-figue, le chardonneret, le linot, le verdier, le pinson, le moineau, etc.

 

La classe des insectivores comprend, en général, toutes les sylvies ou oiseaux à bec fin.

 

Parmi ces derniers, viennent en première ligne, le rossignol, l'hirondelle, les fauvettes, les mésanges,

qui tous méritent une mention spéciale.

 

Le rossignol est un grand destructeur de larves et de fourmis.

 

De tout temps il a été, à juste titre, en grand honneur chez les naturalistes.

 

Aristote, Pline, Barrington l'ont exalté : Buffon lui consacre plusieurs pages de son ouvrage.

 

Qui de nous, par une belle nuit du printemps, alors que toute la nature est dans le silence,

ne s'est plu à écouter avec ravissement le ramage de ce chantre des bois ?

 

Sans doute, beaucoup d'autres oiseaux nous plaisent par leur chant, leur gazouillement,

mais aucun n'égale le rossignol.

 

Quand celui-ci chante, il semble que tous les autres doivent se taire.

 

Lorsque, dans les premiers jours d'avril, ce coryphée du printemps nous arrive pour chanter l'hymne de la nature,

le plus beau et le plus sentimental assurément, il commence par un prélude timide, par des tons faibles et doux comme pour essayer son instrument.

 

Le rossignol mâle précède généralement de quelques jours l'arrivée de la femelle ; dès que celle-ci arrive,

il enhardit son chant pour lui plaire, semble-t-il, et déploie dans toute leur plénitude les ressources

de son incomparable organe.

 

Quelle puissance de voix et quelle mélodie !

Aussi, que de fois, en marche, ne nous sommes-nous pas arrêtés pour l'écouter!

 

On ne se lasse pas de l'entendre.

 

Le rossignol se nourrit exclusivement d'insectes : chenilles, araignées, vermisseaux, larves et fourmis.

 

On peut dire, en toute sincérité, que c'est le plus utile et le plus charmant des oiseaux.

L'hirondelle fait une guerre acharnée aux moucherons.

 

Son estomac peut en contenir 600 ; son plumage sombre est des plus simples ; l'hirondelle semble parée pour les jours de deuil, son gazouillement ressemble à une oraison funèbre, mais elle nous débarrasse des moustiques ; de plus, elle est familière et sait se faire aimer.

 

Cette fidèle messagère des beaux jours que, par ignorance ou routine, certains Méridionaux tuent impitoyablement, est remarquable par la constance qu'elle met à revenir dans le même endroit, à des époques périodiques qui ne varient pas ou peu, quel que temps qu'il fasse.

L'hirondelle attache son nid à la chaumière, au palais des grands,

et si elle aime l'humilité, elle aime aussi les grandeurs tristes ;

elle passe l'été aux ruines de Versailles et l'hiver à celles de Thèbes.

 

Les fauvettes sont aussi des insectivores précieux ;

elles chassent dans l'air les mouches et les pucerons.

 

Nous en connaissons trois espèces distinctes qui sont :

1° La petite fauvette grise ou fauvette babillarde;

2° la grosse fauvette grise ;

3° la fauvette à tête noire

Hirondelle.jpg

Hirondelle

Fauvette.jpg

Fauvette

La première gazouille constamment ; les deux autres possèdent un chant qui ressemble à un sifflement

des plus agréables, mais plus ou moins fort suivant l'époque.

 

Les fauvettes, ainsi que tous les oiseaux qui émigrent, nous reviennent vers les premiers jours d'avril ;

elles vivent de chenilles, d'araignées, de petits insectes ; mais elles ne dédaignent pas certains fruits,

tels que la figue, le raisin et l'abricot.

 

Les mésanges : il y en a quatre espèces bien répandues.

 

Il est important de savoir les distinguer, car toutes sont également utiles.

 

C'est par centaines qu'il faut compter les chenilles servies chaque jour par la mésange à sa jeune famille

qui a toujours le bec ouvert.

 

Elle-même s'administre journellement environ cinq cents œufs, larves et corps d'insectes.

Nous citerons :

1° la mésange à longue queue ;

2° la mésange bleue ;

3° la mésange grise à tête noire ;

4° la grosse mésange à plastron jaune et noir,

qui est la plus commune dans nos pays.

 

Ces oiseaux sont un peu granivores ; mais la seule graine que nous sachions qu'ils mangent est le chènevis, dont ils nous paraissent assez friands.

 

La mésange ne mange pas la graine en place, elle l'emporte sur l'arbre

le plus voisin ; et, la tenant avec une patte,

elle la perce en deux ou trois coups de bec.

 

Cette manière d'opérer lui est toute particulière.

 

La principale nourriture de la mésange, se compose d'insectes doriens, surtout de chenilles, ces sales et répugnants insectes qui,

dans certaines années surtout, dévastent nos récoltes et nos fruits.

 

Il y a bien la loi sur l'échenillage mais, en France principalement, cette loi est exécutée comme celles sur l'échardonnage, l'ivresse, etc., etc.

Mésange _01.jpg

Mésange

Mésange _02.jpg

Mésange

Les mésanges font de douze à quinze petits par couvée ; aussi, quand arrive l'automne, les voit-on se promener

par petites troupes qui se composent du père, de la mère et de leur nombreuse famille.

 

À l’encontre de la plupart des insectivores, les mésanges n'émigrent pas, elles passent l'hiver chez nous,

et dès les premiers froids, elles se jettent dans nos jardins, parcourent nos vergers dans tous les sens,

y recherchent les chenilles qui s'y sont attardées, elles explorent minutieusement les bourgeons, les mousses,

les lichens, les fragments d'écorces et les branches des arbres fruitiers ; puis, de leur bec fin et dur,

en arrachent les larves, les œufs que différents insectes y ont déposés et généralement solidement fixés

 

Font partie aussi des insectivores le traquet, qui attrape au vol les mouches, les vermisseaux, qui débarrasse la vigne de la pyrale (une pyrale de moins promet 115 grappes de raisin de plus) ; le rouge-gorge, la gorge-bleu, le roitelet,

les bergeronnettes, qui purgent des charançons les greniers de blé ; le rossignol des murailles appelé vulgairement queue-rousse ; l’ortolan ou tire-langue qu'à tort il est permis de chasser puisqu'il détruit énormément de fourmis ;

la pie-grièche, le toriot, qui vivent de sauterelles, de scarabées ; le pic-vert, le grimpeau, le pinson, le moineau,

ces deux derniers passent pour des granivores dangereux, mais en réalité ils mangent beaucoup plus d'insectes nuisibles que de graines, et le mal qu'il causent est surpassé de beaucoup par le bien qu'ils font ;

le pinson et le moineau (pierrot) attaquent volontiers la jeune larve du hanneton,

dont ils font un grand carnage pour nourrir leurs petits.

Indépendamment des services que les oiseaux nous rendent,

ces petits volatiles que tout le monde aime à entendre gazouiller

et à voir voltiger sans cesse, ne font-ils pas encore le plus bel ornement de nos jardins, de nos bois, de nos forêts, qui, sans eux,

seraient monotones et mélancoliques ?

 

Nous entendons trop souvent quelques personnes ignorantes dire :

Nous n'avons ni terres, ni vignes, ni arbres ; que nous importe à nous quelques oiseaux de moins et quelques insectes de plus ?

Un tel raisonnement ne peut être tenu que par un étourdi :

car chacun sait que la pénurie des récoltes atteint tout le monde,

le pauvre comme le riche, et plus encore celui qui n'a rien

que celui qui possède.

Moineau.jpg

Moineau

Les oiseaux sont nos auxiliaires les plus actifs et nos bienfaiteurs ; ils ont droit à notre protection et à notre aide

pour leur multiplication ; car, si l'on continue à les détruire comme on le fait depuis quelques soixante ans surtout, bientôt nous les verrons disparaître complètement et nous nous trouverons incontestablement en face

d'un terrible fléau.

 

Aussi prions-nous instamment les autorités d'exercer une surveillance très active et de faire exécuter et respecter

très sérieusement la loi sur la destruction des oiseaux.

 

Nous pensons qu'il n'est que temps et que les pères et mères, les maîtres et les maîtresses de l'enfance,

agiront sagement en faisant comprendre à leurs enfants et à leurs élèves que détruire une couvée,

attraper un oiseau, est non seulement un acte d'inhumanité mais encore un acte préjudiciable à tous

et qu'on ne saurait punir avec trop de sévérité.

bottom of page