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Fenêtres sur le passé
1892
Les infirmiers de la flotte
Source : La Dépêche de Brest 15 janvier 1892
Les infirmiers de la flotte.
Nous recevons la lettre suivante :
Brest, 14 janvier.
Vous avez reproduit hier matin l'ordre du général commandant le XIe corps d'armée rendant hommage au dévouement de trois infirmiers de la 11e section.
On pourrait en dire autant des infirmiers de la flotte.
Combien, en effet, parmi eux, meurent victimes de leur devoir ?
Et pourtant, s'il est un corps qui semble délaissé, c'est bien celui de ces braves marins.
On a créé, dans toutes les spécialités de la marine, des premiers-maîtres, des adjudants principaux.
Qu'a-t-on fait pour les infirmiers ?
Autrefois, la pratique seule suffisait pour obtenir des galons ; aujourd'hui, ce n'est plus cela.
Tous les infirmiers suivent le cours de l'école élémentaire
instituée dans les hôpitaux, et les cours professionnels ensuite.
À chaque fin de cours, une commission se réunit pour examiner
les quartiers-maîtres susceptibles d'être reconnus admissibles
au grade de second-maître.
Collection Roger Tanguy
Pour en arriver là, il faut avoir au moins douze ans de services, et c'est le bâton de maréchal.
Il n'y a plus aucun débouché, et il n'existe que huit premiers-maîtres.
Non seulement, le grade d'infirmier principal devrait exister,
mais encore celui de premier-maître pour les transports et les bâtiments amiraux de l'escadre.
On sait qu'à bord des transports de l'Indo-Chine, il n'existe pas de pharmacien ;
ce sont les infirmiers qui préparent les potions, surveillent la cuisine de leurs malades, font les distributions d’aliments, tiennent les écritures etc.
Il y a pour ce service quatre infirmiers, dont un second-maître, un quartier-maître et deux matelots.
On constate, à tous les voyages, que le service médical est insuffisant.
La création d'un premier-maître s'impose donc à bord de chaque transport.
Source : La Dépêche de Brest 14 juin 1892
On a distribué ces jours derniers à la Chambre la proposition de loi suivante, déposée par
MM. Cabart-Danneville, Guieysse, Braud, Camille Raspail et Sibille,
et portant réorganisation du corps des infirmiers de la marine.
Messieurs,
La proposition que nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à la Chambre appelle son attention sur un corps bien obscur de la marine,
mais dont les nombreux et solides mérites sont appréciés par tous ceux qui l'ont vu
à l'œuvre dans les épidémies et par toutes les autorités maritimes qu'elles soient.
Ces mérites sont décrits par le ministre lui-même
dans la préface du Manuel de l'infirmier marin.
Quelques modestes que soient les fonctions des infirmiers maritimes,
le but auquel ils concourent sur tous les points du globe où les exigences du service les conduisent, les grandit dans l'esprit des gens de bien.
Vivre au milieu des dangers qui entourent l'homme de mer pour l'assister
quand il souffre, pour remplir auprès de lui les offices les plus dangereux
est une noble mission.
Savoir, par des soins assidus et intelligents, remplacer auprès des marins la sollicitude affectueuse de la famille absente, adoucir leurs derniers moments
et leur fermer les yeux, sont des actes de charité et de dévouement
que les infirmiers accomplissent journellement et qui leur font le plus grand honneur.
Aujourd'hui, l'infirmier n'est plus ce qu'il était autrefois
(manière de servir, qualités morales mises à part et étant toujours les mêmes).
Jadis, trois mois de stage dans les hôpitaux et une bonne conduite suffisaient
pour être nommé infirmier ;
on arrivait aux autres grades par la force des choses et sans autres études ; actuellement, le candidat infirmier suit pendant six mois des cours de petite chirurgie, de pharmacie, de comptabilité etc.
Rien de ce qui concerne sa profession ne lui reste « étranger », et plus tard
il ne peut devenir quartier-maître et second-maître s’il n’a reçu
d’une commission d’examen un certificat d’admissibilité.
Promu deuxième maître infirmier, il est toujours infirmier major.
Examinons le rôle que jouent ces deuxièmes maîtres, soit à terre, dans les hôpitaux, soit à la mer, sur nos navires.
Dans les hôpitaux, ils dirigent le personnel placé sous leurs ordres,
s’assurent que les malades sont soignés d’après les prescriptions du médecin.
En outre, depuis la suppression des aide-médecins, ils tiennent les écritures concernant les régimes, les prescriptions médicamenteuses ;
ils sont chargés de la tenue des feuilles clinique, du cahier des aliments,
de l’extrait du cahier de visite, etc.
Ils font divers pansements, et lorsque les étudiants en médecine se rendent
dans les facultés, ils deviennent les véritables aides des médecins.
Dans les ambulances des arsenaux, ils accompagnent les médecins dans leurs visites et exécutent les ordonnances, tous les pansements.
À la mer, sur les navires à bord desquels se trouve un médecin, ils cumulent :
ils sont infirmiers, pharmaciens, aide-médecin,
et ils ont la surveillance de tout le matériel.
Sur certains bâtiments (torpilleurs, canonnières, etc.),
le deuxième maître infirmier est seul, il remplace le médecin.
Sur les navires-hôpitaux, leurs fonctions sont encore plus délicates.
Maurice Sibille
Collection Assemblée Nationale
Paul Guieyesse
Camille Raspail
François xavier Braud
Collection Assemblée Nationale
Il faut avoir vu de près ces hommes dévoués pour comprendre ce qu’il faut d’énergie, de patience,
d’intelligence et de savoir, pour remplir convenablement leur mission.
Il en est bien peu qui, à la suite d'une de ces campagnes de trois à quatre mois,
ne soient pas forcés d'aller en congé de convalescence ;
beaucoup d'entre eux tombent victimes obscures du devoir.
Un dixième d'entre eux seulement peut jouir d'une retraite rudement acquise.
Tout le monde connaît la différence qui existe entre la vie du soldat et celle du marin.
Les sacrifices, les privations les dangers de toute sorte sont l'apanage du dernier, et cependant, dans l'armée,
un sujet intelligent reçoit les galons de sergent en un an, un an et demi au plus après son incorporation ;
il peut même arriver assez rapidement sergent-major et adjudant.
S'il quitte l'armée après quinze ans de service,
il obtient une retraite proportionnelle et des emplois de faveur lui sont réservés.
D'un autre côté, dans toutes les catégories de la marine,
le sergent devient maître, puis premier-maître,
et presque tous se retirent avec la retraite de ce grade.
Nous reviendrons d'ailleurs sur ce point.
L'infirmier de la marine, au contraire, n'arrive au grade
de second-maître qu'après une moyenne de dix à douze ans,
au minimum, passés pour une faible part à terre dans les hôpitaux,
et le plus souvent à la mer ;
il atteint ses vingt-cinq ans de service sans avoir pu obtenir
les galons de premier-maître.
Il faut en effet être né sous une heureuse étoile pour arriver
à ce grade suprême !
Comment pourrait-il en être autrement ?
Il n'existe que huit premiers-maîtres pour cinq cents infirmiers,
et l'on voit se produire ce fait inouï :
Collection Max Péron
un second-maître infirmier, chevalier de la Légion d'honneur, prenant sa retraite après quatorze ans de grade
et dix propositions pour le grade de premier-maître.
Dans aucune des spécialités de la marine, le même fait n'a lieu !
Loin de nous la pensée de critiquer l'avancement des hommes qui composent ces diverses spécialités !
Nous estimons qu'ils gagnent bien leurs grades par les services qu’ils rendent chaque jour,
mais ce que nous demandons, c'est qu'on veuille bien examiner la situation qui est faite aux malheureux infirmiers.
Pour tous les officiers mariniers, infirmiers compris, les soldes sont les suivantes :
Mais tandis que les deuxièmes maîtres infirmiers (à l'exception de 1,55 % qui atteignent le grade de premier maître) touchent jusqu’à leur retraite 2fr.70 par jour, ceux de l’armurerie arrivent maîtres vers trente ou trente-cinq ans
et arrivent premiers-maîtres après avoir eu pendant un certain nombre d’années une solde de 3 fr. 35.
Ceux des autres spécialités passent d'emblée premiers maîtres, s'élevant brusquement de 2 fr. 70 à 3 fr. 55 par jour.
Pour les retraites, il en est de même :
tous les officiers mariniers se retirent du service avec 1,145 francs de retraite ;
les seconds maîtres infirmiers n'ont jamais que 850 francs de pension.
Auxiliaires du médecin à bord sur les unités du combat, à terre dans les hôpitaux, les infirmiers doivent donner
à celui-ci tout le concours qu'il est devenu nécessaire de leur demander.
Il faut donc que leur organisation et son fonctionnement soient mis à la hauteur des conditions nouvelles
dans lesquelles se trouve placé le service de santé !
L'autonomie du service de santé a été établie dans les hôpitaux,
et ce service demeure chargé de l'administration et de la police.
Une modification analogue se prépare pour le service à la mer (dépêche du 15 décembre 1891), et bientôt le médecin aura à sa charge sur les navires tout le matériel nécessaire à son service, sans exception et quel qu'il soit.
D'autre part, les conditions de la guerre sur mer ont été profondément modifiées :
le nombre des navires à armer est beaucoup plus considérable, les uns, si petits, qu'il n'y a point de place
pour un médecin que doit remplacer l'infirmier ;
les autres, si grands, avec des compartiments si nombreux, si distincts, si étrangers les uns aux autres,
qu'on se demande comment on fera pour établir les postes multiples de secours pour les blessés,
bien plus considérables qu'autrefois, par suite du perfectionnement de tous les engins de guerre.
Les décrets du 15 septembre 1882 et du 19 mars 1888 ont consacré l'existence des infirmiers comme spécialité distincte
et mis leur organisation sur des bases solides.
Mais depuis cette époque, bien peu éloignée cependant,
des changements sont survenus, créant des besoins nouveaux.
Le décret du 24 juin 1886 a supprimé les aide-médecins,
diminué le nombre total des officiers de santé,
et n'a plus affecté à la plupart des bâtiments qu'un seul médecin.
Navire hôpital Vinh-Long
Ces modifications ne pouvaient se produire sans créer pour le service
de l'infirmerie des besoins auxquels il n'a pas été donné satisfaction.
Tout d'abord, la suppression des aide-médecins, des anciens étudiants
des ports, la pénurie du personnel qui existera en temps de guerre,
n'ont point enlevé l’obligation de satisfaire aux besoins secondaires du service, tant à bord qu'à terre, tels que pansements, tenue des cahiers,
surveillance des malades, gardes, ambulances, exercices, etc.,
et ce défaut de personnel en sous-ordre a rendu le concours des infirmiers encore plus nécessaire.
Il faut donc s'appliquer à assurer leur recrutement et leur instruction
dans les meilleures conditions possibles.
Pour les fonctions d'administration et de police qui lui sont dévolues,
le service de santé pourrait avoir un certain bénéfice à trouver
dans les infirmiers des auxiliaires suffisamment préparés à jouer ce rôle
dans les hôpitaux et à bord, rôle qui justifierait une proportionnalité
des grades mieux établie.
Leur embarquement sur les torpilleurs, l'augmentation de leur effectif à bord des navires en cas de guerre,
doivent en outre attirer l'attention non seulement sur leur nombre en temps de paix,
mais encore sur la constitution des cadres de réservistes ou de disponibles.
Telles sont les raisons qui nous ont déterminés à relever le niveau de cette spécialité et à produire en sa faveur
un courant plus actif en donnant à la fonction plus de considération et quelques avantages de grade.
On peut se demander quelle dépense nouvelle entrainerait ce projet.
Il est facile à chiffrer.
En conséquence, messieurs, nous avons l’honneur de vous proposer l'adoption des dispositions dont la teneur suit :
Art. 1er. _ Le corps des infirmiers de la marine est reconstitué
et composé ainsi il suit :
1° Huit maîtres principaux ;
2° Quinze premiers maîtres (grade correspondant à celui d'adjudant) ;
3° Soixante-quinze seconds-maîtres
(grade correspondant au grade de sergent) ;
4° Deux cents quartiers-maîtres
(grade correspondant à celui de caporal) ;
5° Trois cents matelots infirmiers.
Les cadres doivent toujours être au complet.
Art. 2. — Les médecins de marine pourront se recruter parmi
les infirmiers munis des diplômes universitaires exigés par la loi
pour les études médicales et pharmaceutiques, qui auront subi
avec succès les examens de l'école de médecine navale.
Art. 3. — Les infirmiers pourront se présenter jusqu'à l'âge de 25 ans
à l'école de médecine de la marine pour y subir les examens d'admission et y faire leurs études.
Art. 4. — Il est créé une école d'infirmiers
dans l'un des cinq grands ports.
Art. 5. — Pour être susceptible de passer d'un grade à un autre,
un examen de capacité est nécessaire.
Les programmes en seront déterminés par le conseil supérieur
de santé de la marine.
Art. 6. — À terre, les infirmiers ne feront plus partie
du dépôt des équipages de la flotte :
ils seront attachés à l'hôpital et placés sous les ordres
du directeur du service de santé du port.
Dans chaque hôpital, un maître principal sera placé
à la tête du service des infirmiers.
Art. 6. — Sur tous les bâtiments amiraux, sur chaque bâtiment-hôpital
et sur les bâtiments isolés, seront embarqués des premiers maîtres.
Sur tous les avisos-torpilleurs (type Bombe) seront embarqués
des seconds-maîtres.
L'infirmier major de tout bâtiment sera considéré comme maître chargé, c'est-à-dire responsable du matériel.
Art. 8. — Les traitements seront fixés ainsi qu'il suit :
Pour le maitre principal, 2,052 fr. ;
Pour le premier maître, 1,278 fr. ;
Pour le second maitre, 972 fr. ;
Pour le quartier-maître, 540 fr. ;
Pour le matelot infirmier, 342 fr.
Art. 9. — Sont et demeurent abrogés les lois et décrets contraires
à la présente loi.
La proposition a été renvoyée à la commission de la marine.
Source : La Dépêche de Brest 13 septembre 1892
Le Siècle publie un intéressant article de M. Cabart-Danneville sur la situation
des infirmiers de la marine et sur le projet de loi que nous avons publié.
Nous en détachons ce qui suit :
Le corps des infirmiers de la marine est certes bien obscur,
presque complètement inconnu du public, qui connaît cependant parfaitement leurs frères de l'armée, mais ses nombreux et solides mérites sont appréciés
par tous ceux qui l'ont vu à l'œuvre dans les épidémies ;
et par toutes les autorités maritimes, quelles qu'elles soient.
Charles Maurice Cabart Danneville
Aujourd'hui, manière de servir, qualités morales mises à part et étant toujours les mêmes,
l'infirmier n'est plus ce qu'il était autrefois.
Jadis, trois mois de stage dans les hôpitaux et une bonne conduite suffisaient pour être nommé infirmier ;
on arrivait aux autres grades par la force des choses et sans autres études.
Actuellement, le candidat infirmier suit pendant six mois les cours de petite chirurgie, de pharmacie,
de comptabilité, etc.
Rien de ce qui concerne sa profession ne lui reste étranger, et plus tard, il ne peut devenir quartier-maître
et second-maître s'il n'a reçu d'une commission d'examen un certificat d'admissibilité.
Les députés des ports militaires ont pris, ces derniers temps, la résolution de présenter un projet de loi par lequel
ils demandent qu'on crée huit maîtres principaux, quinze premiers maîtres au lieu de huit,
deux cents quartiers-maîtres au lieu de cent cinquante.
L'augmentation de dépenses sera de 63,000 francs.
L'article 3 du projet réclame le droit pour les infirmiers munis des diplômes universitaires exigés, de se présenter jusqu'à vingt-cinq ans aux écoles de médecine de la marine et d'être reçus par conséquent médecins de marine.
Le projet comporte la création d'une école d'infirmiers.
En somme, le projet est bon et démocratique au premier chef.
Source : La Dépêche de Brest 22 décembre 1892
Messieurs,
Quoique l'autonomie du service de santé dans les hôpitaux de l'armée ait été établie et bien qu'il soit question
de donner le même avantage aux services de santé des hôpitaux de la marine,
il ne saurait être admis que le personnel des officiers de santé ait sur les infirmiers marins une autorité exclusive.
La commission a, sur ce point, le regret de ne pouvoir déférer aux désirs des médecins de la marine.
Les infirmiers de la marine sont des soldats.
L'article 1er du décret organique, en date du 5 juin 1883, concernant le corps des équipages, range les infirmiers à côté des magasiniers, des calfats, au nombre des soldats affectés aux spécialités.
La proposition de loi de nos collègues
Cabart-Danneville, Guieysse, Braud, C. Raspail et Sibille,
est animée d'un excellent esprit ;
elle tend à améliorer le sort des infirmiers de la marine, intéressant à tous égards.
Service de Santé - Hôpital Maritime Brest
Collection Max Péron
Mais la sollicitude de nos collègues se heurte aux règlements militaires,
et votre rapporteur, après avoir pris l'avis du ministre de la marine et des chefs de services du ministère
et s'en référant aux observations de la commission, a été dans la nécessité de réduire à quelques articles
seulement le projet de loi de nos collègues.
Tout en reconnaissant le bien-fondé des témoignages rendus à un corps dévoué,
prêt à tous les sacrifices et dont le gouvernement reconnaît les excellents services dans le Manuel de l'infirmier marin, la commission ne peut faire pour eux que ce qu'elle a fait pour les autres spécialités de la marine.
Déjà, lors de l'élaboration de la loi des cadres, la commission, d'accord avec le gouvernement,
qui en avait fait la proposition, a prévu pour le corps des infirmiers cinq maîtres principaux,
un pour chaque hôpital de nos grands ports, et ayant le grade, la solde,
l'avancement et la retraite d'adjudant principal ; cela constitue une grande amélioration.
C'est pour l'infirmier le grade d'officier et c'est le couronnement de sa carrière.
Nos collègues proposaient de porter le nombre des maîtres principaux à huit ;
mais comme la loi des cadres est arrêtée comme elle a été votée à la Chambre, et, si l'on se le rappelle,
comme le nombre des maîtres principaux dans chaque spécialité est établi d'après une base uniforme,
il serait difficile de changer aujourd'hui.
Les auteurs de la proposition demandent de fixer le nombre des infirmiers à 15 premiers-maîtres, 75 seconds-maîtres, 200 quartiers-maîtres, 300 matelots infirmiers.
Nous avons pris au ministère des renseignements précis à cet égard ;
nous avons consulté les chiffres budgétaires des trois dernières années,
et il nous a été démontré que le chiffre changeait tous les ans.
Ainsi, au budget de 1893, les chiffres prévus étaient les suivants : 8 premiers-maîtres, 94 seconds-maîtres,
172 quartiers-maîtres, 269 matelots.
Il nous a été dit que ces nombres variaient suivant la composition des escadres
et qu'il y avait des écarts surtout pour les seconds-maîtres et les quartiers-maîtres ;
en conséquence, la commission a pensé qu'il ne fallait pas fixer un chiffre rigoureusement exact
et exiger un cadre fixe devant être toujours au complet.
Les infirmiers sont assimilés, à tous les points de vue, grade, solde, retraite, aux autres matelots affectés à des spécialités similaires ;
le pour cent des quartiers-maîtres infirmiers, par rapport aux matelots, est de très peu inférieur au pour cent des ouvriers de la manœuvre
et sensiblement égal au pour cent des commis aux vivres, et il est supérieur à celui de tous les autres matelots des diverses spécialités.
Le pour cent des seconds-maîtres est supérieur ou égal au pour cent des torpilleurs, mécaniciens, manœuvres charpentiers, etc.
Le nombre des premiers-maîtres est il est vrai, inférieur, mais cela tient à ce que la marine n'en trouve pas l'emploi, ils ne peuvent, en effet, être employés que dans les hôpitaux ;
embarqués, ils auraient droit à une chambre, et cela constituerait,
sur les petits bâtiments, une assez grosse difficulté.
Dans la note qui nous a été remise à cet égard au ministère,
nous trouvons encore que l'avancement des infirmiers a lieu
dans les mêmes conditions que l'avancement dans le canonnage
et la manœuvre ;
dans ces trois spécialités, on arrive second-maître entre l'âge
de trente et un et trente-quatre ans,
après onze à quinze ans de service.
Enfin, la solde indiquée par nos collègues est la solde à terre, mais, à la mer, elle est plus élevée et égale à celle de tous les autres matelots affectés à une spécialité quelconque.
Les infirmiers ont dans chaque grade une solde unique ;
il n'y a pas, comme dans les autres spécialités, trois classes,
et pour le grade de quartier-maître infirmier, second et premier-maître, il n'y a qu'une classe au lieu de deux, et cela est un avantage
dont il faut tenir compte.
Ils touchent annuellement une gratification de 38 fr. 95,
et ces gratifications peuvent être augmentées jusqu'à concurrence
de la moitié en sus, à bord des bâtiments-hôpitaux, en cas d'épidémie.
Dans l'exposé des motifs du projet de loi, il est dit que les infirmiers
ne peuvent arriver qu'à une retraite de 850 fr., mais au ministère
on nous a fait remarquer que les infirmiers arrivant au grade
de deuxième maître à trente et un ans, après douze ans de grade,
lors de leur admission à la retraite,
ils bénéficieront donc du cinquième en sus et auront 1,020 francs
de retraite, soit 125 francs de moins seulement
que les premiers-maitres.
Les articles 2 et 3 du projet de loi ont paru bons à retenir,
et la commission est d'avis de reculer jusqu'à l'âge de vingt-sept ans
la limite pour concourir à l'examen d'entrée
de l'école de médecine navale.
C'est une facilité que les membres du Parlement auront à honneur
de donner au corps des infirmiers de la marine,
qui, sans aucun doute, en seront satisfaits.
À l'article 4, la création d'écoles d'infirmiers n'est pas admise
par l'administration ;
elle fait justement observer que dans chaque hôpital
il y a un enseignement, une instruction pour les infirmiers,
et la commission pense que le séjour à l'hôpital et le travail
que l'on y fait est une école suffisante.
D'autre part, dans la pratique civile, nous ne le savons que trop,
ce ne sont pas les leçons dogmatiques qui font les meilleurs infirmiers.
L'article 5, ainsi que nous l'a fait remarquer l'amiral Vallon,
en cela d'accord avec le ministère, aurait un inconvénient sérieux
pour les infirmiers, et l'on nuirait aux intérêts des infirmiers au lieu de les servir ; en effet, un infirmier, dans une longue campagne, loin des ports,
serait privé de tout avancement.
Pour ce qui est de l'article 6, l'amiral Vallon a fait observer avec beaucoup
de vigueur que laisser à terre dans les hôpitaux les infirmiers
sous l'unique direction du chef de service des hôpitaux,
créerait pour les infirmiers une situation unique, et que,
tout en restant en subsistance dans les hôpitaux, ils devaient demeurer exclusivement à la disposition du dépôt des équipages de la flotte.
Amiral Vallon
Le directeur du personnel du ministère de la marine, de son côté, estime que ce serait faire
un corps spécial des infirmiers sous les ordres des médecins et qu'il n'y aurait plus aucune raison de ne point faire
des fourriers, des calfats et des canonniers des corps spéciaux sous les ordres de leurs officiers,
qui prendraient alors à l'ordre de leur embarquement à la liquidation de leurs retraites.
La commission a pensé que ces raisons étaient suffisantes et que d'ailleurs les dispositions de l'article 6
seraient contraires aux règlements de la marine.
Pour ce qui est de l'article 7, le ministre et l'administration nous ont fait justement remarquer qu'il n'est pas possible d'indiquer, dans une loi, les conditions d'embarquement des marins de divers grades ;
d'autre part, les escadres de la Méditerranée et du Nord, consultées à cet égard,
ont émis un avis défavorable sur la charge de la surveillance du matériel de pansement.
Dans ces conditions, la commission est d'avis de retenir de la proposition de nos collègues les articles 2 et 3,
qui ne constituent pas une nouveauté, mais qui donnent aux infirmiers un avantage marqué.
Ce serait alors deux articles à ajouter à la loi des cadres, et on peut les libeller ainsi :
Article 1er.
Les médecins de la marine pourront se recruter parmi les infirmiers munis de diplômes universitaires exigés par la loi pour les études médicales et pharmaceutiques qui auront subi avec succès les examens d'entrée
de l'école de médecine navale.
Article 2.
Les infirmiers pourront se présenter jusqu'à l'âge de vingt-sept ans aux écoles de la marine,
après trois ans de service actif dont deux années d'embarquement.