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Fenêtres sur le passé
1888
Épidémie de variole à Douarnenez
Source : Le Finistère novembre 1888
Épidémie de variole à Douarnenez
Nous avons publié, la semaine dernière, un travail qui a été justement remarqué,
sur les caractères et l'historique de l'épidémie de variole qui sévit dans le canton de Pont-l'Abbé.
On ne lira pas avec moins d'intérêt l'article suivant, qui complète le premier,
en donnant des indications de même nature pour ce qui concerne Douarnenez et ses environs,
L'épidémie variolique dont Douarnenez est depuis trop longtemps le théâtre a fait beaucoup de bruit.
Des nouvelles inexactes et du caractère le plus alarmant ont circulé dans le public et jusque dans la presse :
tout le monde sait déjà que le Petit Journal s'en est fait l'organe, avec une coupable légèreté.
On ne saurait donc trop approuver le Finistère de vouloir préciser les choses et les ramener à leurs proportions réelles.
Voici quelques renseignements qui pourront y contribuer.
La maladie a été Importée à Douarnenez à deux reprises :
une première fois, de Brest, vers la fin d'octobre 1887,
par un navigateur qui vint mourir ici dans sa famille ;
une seconde fois, de Camaret, dans le courant de novembre 1887,
par une jeune fille qui avait contracté la variole en soignant son frère,
mort quelques jours avant.
Le fléau s'est rapidement développé et a sévi avec violence
dans la classe pauvre, chez les pêcheurs et les ouvriers qui habitent
des logements insuffisants, dans des quartiers devenus malsains
par excès d'agglomération.
Parmi ces quartiers, ceux de Port Rhu, de Pen-ar-c'hoat et du Guerlosquet
ont été particulièrement éprouvés.
Les communes contigües à Douarnenez ne pouvaient guère échapper
à la contagion : Tréboul et Ploaré ont donc aussi payé leur tribut.
Quant à la forme dans laquelle s'est manifesté le mal, il n'y a rien à signaler qui sorte de l'ordinaire.
Ce n'est guère que pendant la saison froide qu'on a observé des cas de variole hémorragique, dite variole noire,
cette horrible variété de la maladie où l'on voit les pustules noircir en se remplissant d'un sang ecchymose.
Malgré tout, les ravages trop réels de l'épidémie avaient été considérablement exagérés au dehors.
On a dit sur tous les tons aux touristes, et l'on a malheureusement réussi à persuader à quelques-uns,
qu'il fallait se garder d'approcher cette année de Douarnenez, devenu un foyer d'Infection.
Le commerce local, déjà éprouvé par d'autres causes, y a beaucoup perdu.
Aucun des moyens prophylactiques employés en pareille circonstance n'a été négligé :
on peut affirmer que, sous le contrôle vigilant de l'administration, chacun a fait son devoir, et au-delà,
pour combattre les progrès de l'épidémie.
On ne peut trop le répéter, d'ailleurs :
le seul moyen qui, cette fois encore, ait fait ses preuves, c'est la vaccine, dont les bienfaisants résultats éclatent à tous les yeux.
Je me bornerai à citer un exemple tout récent.
Madame X***, de Douarnenez, a quatre enfants,
dont l'ainé n'a que 8 ans.
Il y a quinze jours, on ramenait chez elle son dernier né, un baby de 18 mois,
mis en nourrice dans la commune de Ploaré.
À cette époque, on comptait encore quelques cas de variole à Ploaré ;
le pauvre petit apporta le germe de la maladie dans la maison maternelle et la communiqua successivement
à ses frères et sœurs.
Heureusement, tous quatre avaient été vaccinés, et avec succès :
le mal n'alla pas plus loin qu'une varioloïde de l'espèce la plus bénigne.
Supposez maintenant que pareil événement fût survenu
dans une de ces familles, encore trop nombreuses,
où l'on s'obstine à soustraire les enfants à la vaccination,
avec une sorte de fatalisme farouche.
Pas un de ces innocents n'eût échappé !
Si les revaccinations laissent souvent à désirer au point de vue
du résultat, c'est qu'on s'est servi de mauvais vaccins pour les pratiquer.
Le bon vaccin de génisse coûte cher et demande à être employé très frais.
Encore ne donne-t-il jamais des résultats aussi certains que le vaccin humain.
Malheureusement, il est difficile de trouver des enfants vaccinifères,
et l'inoculation faite de bras à bras entraine quelquefois des accidents sérieux.
Il n'y a guère que les communes rurales où ce genre d'inconvénients peut être évité.
Là, le médecin, ayant moins d'enfants à vacciner, se fait accompagner, dans ses tournées, d'un sujet de choix.
À la communication qu'on vient de lire, notre correspondant ajoute un document officiel :
c'est le relevé comparatif des décès produits à Douarnenez et dans les communes voisines
par les deux épidémies de 1881 et de 1887-88.
Voici ce document, où l'on trouve résumé en quelques chiffres l'état exact des choses :