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Fenêtres sur le passé

1881

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L'instruction des équipages

Source : Le Finistère février 1881

 

L’instruction des équipages

 

M. le lieutenant-commander Chadwick,

de la marine nationale des États-Unis, a publié, à la suite d'une mission qu'il vient de remplir en Europe, par ordre de son gouvernement,

un rapport sur les marines de France et d'Angleterre,

où se trouvent exposées les méthodes d'éducation et d'instruction adoptées par chacun des deux pays.

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C'est une œuvre exacte, consciencieuse et très-intéressante

 

II est utile de lire ce livre, dans lequel l'officier américain définit

les deux systèmes, sans examen, sans comparaison, et de tirer

par soi-même les conséquences, inspirées par une pareille lecture.

 

Ce document fait bien saisir l'ensemble des deux organisations,

met de l’ordre dans leur étude, et, malgré une grande sobriété

de critique, laisse entrevoir, sur beaucoup de points,

une certaine préférence pour nos institutions

 

En parlant de l'éducation de nos hommes, le commandant Chadwick préfère notre système de division à celui adopté chez nos voisins.

 

L’école élémentaire, l’école des fourriers, les gymnases, les salles d'armes, etc, etc., ont particulièrement attiré son attention.

 

Les conditions sanitaires lui semblent bien meilleures,

et cette façon de les caserner, dit-il, offre de plus grands avantages,

au point de vue de la santé, du confort et des moyens de discipline,

que les Receiving ships anglais.

 

Les divisions, poursuit le commandant américain, produisent d'excellents résultats pour la préparation des hommes avant leur embarquement.

 

Il y a là un passage constant d'hommes de toutes provenances, inscrits, volontaires, recrues ;

et comme ces deux dernières catégories sont à leur premier appel, qu'elles sont complètement ignorantes de la vie du bord,

on les forme suffisamment avant de les envoyer au large.

 

Examinant ensuite l’établissement des pupilles, M. Chadwick

tout en préférant, par goût, la méthode d'instruction anglaise,

reconnaît qu'à la sortie, nos pupilles sont parfaits.

 

Il rend hommage aux soins dont ces enfants sont entourés,

à l'excellence de leur nourriture qui ne parvient pas toujours

à rendre toute la vigueur désirable à des constitutions touchées

souvent par la misère.

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French Ensor Chadwick.jpg

French Ensor Chadwick

NavSource On line

Receiving Ships Franklin and Richmond at

Receiving Ships Franklin and Richmond at NNSY

Hampton Roads Naval Museum

French Ensor Chadwick Report.jpg

Sous ce rapport, dit-il, les pupilles perdent à la comparaison avec la superbe bonne mine des enfants de Greenwich,

qui appartiennent à la même classe.

 

 En poursuivant son examen, l'auteur du rapport vient à parler des rations.

 

Elles sont, dit-il, inférieures à celles délivrées par les gouvernements anglais et américain,

mais incomparablement meilleures que celles qui constituent la nourriture ordinaire des classes

qui fournissent les matelots.

 

À toutes les époques de la vie, les Français mangent moins que nous.

 

Les officiers français m'ont affirmé que les rations étaient suffisantes et profitables aux hommes.

 

Parlant du bâtiment de préparation des spécialités, la Bretagne, M. Chadwick signale l’envoi des hommes

aux écoles de spécialités après quatre mois de séjour « à bord du plus beau trois ponts existant ».

​

Ces écoles sont, dit-il, Toulon, pour les canonniers,

Lorient pour les fusiliers et l'escadre volante pour les gabiers.

 

On ne peut évidemment espérer, former dans cette escadre tous les gabiers de la flotte, dit M. Chadwick,

mais on y élève un grand nombre d'entre eux, qui sont

plus tard « une pépinière féconde d'officiers mariniers. »

 

Le manuel des timoniers est l'objet d'un examen élogieux,

M. Chadwick en traduit même quelques passages

et déclare que la connaissance de ce manuel, tel qu'il est,

doit produire des hommes parfaitement au courant

d'un service aussi important.

 

En ce qui concerne l'attention donnée aux écoles élémentaires, nous traduisons textuellement :

« Sous l'influence du système actuel, dans l'espace

de quelques années, on ne rencontrera plus de matelot,

dans la marine française, qui ne sache lire et écrire. »

 

Bretagne_painting_detail.jpg

La Bretagne à Cherbourg en 1858

Auteur inconnu

L'école élémentaire, tant à bord qu'à terre, est rigoureusement suivie.

 

Les rapports adressés au ministre de la marine par les commandants des bâtiments sont tels,

qu'aucun officier ne peut négliger son devoir à cet égard.

 

Pratiquement, ce service dans la flotte française peut se comparer à une école élémentaire américaine,

ayant un personnel nombreux d'instituteurs, des heures réglées et un matériel important de livres d'étude.

 

« Les résultats de ce système ne peuvent être qu'admirables. »

 

M. le commandant Chadwick, terminant son remarquable travail sur notre organisation,

s'exprime en ces termes élogieux que nous sommes heureux de reproduire, en appelant sur cette appréciation

d'un officier distingué de la marine américaine, toute l'attention de nos lecteurs : 

«  … Je dois exprimer ma haute admiration pour l'état de progrès dans lequel sont arrivées

les diverses écoles d'instruction en France.

Il y a, dans le service de la flotte, un but arrêté d'améliorer, le plus possible, la condition de l'homme.

Les admirables qualités des officiers mariniers et des matelots brevetés en sont la plus grande preuve.

Cette nécessité d'éducation est clairement comprise par les officiers de la marine française.

Sans cette intime conviction, quelque parfaite que soit l'instruction donnée dans une école, elle reste stérile »

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