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Fenêtre sur le passé

1874

La lune de Landerneau

Source : Le Finistère mai 1874

 

LA LUNE DE LANDERNEAU,

 

On emploie souvent dans la conversation certains dictons qui se rapportent à diverses localités et dont on ignore l'origine et la signification, comme la Lune de Landerneau, les Anguilles de Melun, les armes de Bourges,

le Tonnerre de Brest, etc.

 

Nous allons expliquer ici l'origine de la Lune de Landerneau, qui croyons-nous, n'est connue de personne

et qui mérite pourtant de l'être, car c'est un fait historique fort intéressant.

 

Le Léonnais, qui est la partie nord du Finistère, était autrefois un État indépendant de tout autre.

 

Les rois ou princes de cet État, étaient de grands terriens, c'est-à-dire propriétaires fonciers

de tout le territoire de leur domination.

 

Tous les habitants du pays étaient leurs domaniers et leurs vassaux.

Il n'y a pas eu en Europe, il n'y a jamais peut-être eu

un souverain jouissant d'une pareille condition d'absolutisme; aussi en étaient-ils très-fiers, ils prenaient les titres pompeux de Wictur (vainqueur), Judicael (grand juge),

Salomon (homme suprême), Hoël (triomphateur), etc.

Dans leurs armes figuraient le Soleil, le plus brillant de tous

les astres ; le lion, le roi des animaux, d'où le nom de Léon donné au pays ; le Saumon, le roi des rivières ;

le Dragon, le roi des reptiles.

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Collection ville de Landerneau

Dans le XIIIe siècle le prince de Léon, aliéna une grande partie de sa fortune en vendant au duc de Bretagne,

plusieurs de ses châteaux-forts, entre autres son château de Lambézellec, devenu la ville de Brest,

son château de Morlaix devenu la ville de ce nom.

 

Il arriva aussi que la ligne masculine des princes de Léon s'étant éteinte, l'unique héritière épousa un prince belge

qui remplaça les armes de Léon par celles de sa maison,

excepté le Soleil qu'il conserva et qui ornait le palais du prince.

 

Quelque temps après un prince de Léon, ne laissait encore qu'une héritière, qui épousa un Rohan, seigneur breton, lequel changea encore les armoiries, conservant toujours le Soleil, qu’il faisait placer sur le pavillon de son palais,

de manière à être remarqué de loin.

C'était un disque doré, qui avait près de trois pieds

de diamètre avec des rayons saillants et monté

sur un piédestal haut de trois à quatre pieds.

 

On sait que Louis XIV prit pour emblème de sa puissance, le Soleil, avec celte devise Nec pluribus impar ;

c'était l'emblème de la principauté Léonaise

que le grand roi prenait sans façon.

 

Ce fût probablement comme marque de déférence que Rohan remplaça alors son Soleil par une Lune,

c'est à dire son astre doré par un argenté,

où était gravée une figure ronde, bouffie,

comme on a coutume de représenter la Lune.

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Collection ville de Landerneau

Dès lors le peuple se mit à dire en ralliant : le Soleil du Léon a disparu : il n'y a plus que la Lune de Landerneau.

La résidence des princes de Léon était lors à Landerneau et à Blain.

 Nous pourrions dire ici que le pays de Landerneau

a été dans le moyen-âge le théâtre de la Chevalerie

et des productions littéraires.

 

Là, se réunissaient les Chevaliers de la Table-Ronde, Lancelot, du Lac, Tristan le Léonnais, Arthur, etc.

 

De là ce dicton il y aura du bruit à Landerneau ;

il fallait qu'une chose fût connue à Landerneau

pour qu'on en parlât ailleurs.

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Collection ville de Landerneau

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