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Fenêtres sur le passé

1874

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L'alimentation des vaches laitières

Source : Le Finistère - octobre 1874

 

REVUE AGRICOLE

 

L’alimentation des vaches laitières.

 

La qualité du lait varie d'une manière très remarquable selon les aliments qui sont donnés aux vaches.

 

Il est donc important de connaître dans quelles proportions la nourriture doit leur être distribuée

et quelles sont les substances les plus favorables à la production et à la qualité du lait.

 

La Revue Scientifique, dans sa revue agricole, donne à cet égard des renseignements utiles :

Une vache à demi-affamée ne donne que peu de lait et de médiocre qualité.

 

D'un autre côté, une alimentation abondante en farine de fèves ou de pois, en tourteaux oléagineux

ou en d'autres substances fortement azotées ou phosphatées, influe diversement, à la fois sur la qualité

et la quantité du lait produit.

 

Rien n'est plus préjudiciable, à ce point de vue, que l'économie dans la nourriture.

 

Le lait et le beurre qui ont le plus de finesse pour le goût sont donnés par des vaches nourries en été exclusivement sur des pâtures permanentes d'une grande valeur, et auxquelles on ne donne en hiver que du foin provenant

de prairies fournies en bonnes graminées.

 

Quelques personnes cependant croient opportun de diversifier un peu cette nourriture d'herbe et de foin.

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Certains fermiers laitiers, soit dans les villes,

soit à la campagne, jugent nécessaire,

pour avoir un meilleur produit, de faire usage du turneps,

de betteraves, de farines de drèches de brasserie, de son,

de navets, de lin, de tourteaux de coton

et d'autres aliments auxiliaires.

 

M. Wœlcker passe successivement en revue ces divers succédanés.

 

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À ses yeux, les turneps donnent un lait aqueux et ont encore l'inconvénient de lui communiquer

une saveur particulière désagréable.

 

Les betteraves offrent moins d'inconvénients ; mais on ne peut pas les donner aux vaches à lait

sans y ajouter une ration de 2 à 3 kilogrammes de farine par tête.

 

De toutes les farines, aucune ne lui parait égale, pour la production du lait, à celle de fèves ou de pois.

 

La raison en est que ces farines contiennent en moyenne de 25 à 28 p. 100 de substances azotées,

et qu'elles sont également riches en phosphates.

 

Les lentilles égyptiennes, quand on peut s'en procurer donnent le même résultat favorable que ces farines ;

car leur composition est à peu près la même que celle des fèves ou des pois.

 

Les tourteaux de lin donnent un lait riche et abondant, mais il faut avoir soin de n'employer que les tourteaux

les plus purs et les plus frais : il faut bien se garder de donner aux vaches des tourteaux d'une qualité inférieure, mélangés et même avariés, trop souvent vendus comme étant de bonne qualité,

et qui ont le double inconvénient de donner un mauvais goût au lait et d'altérer la santé des vaches.

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Le tourteau de coton décortiqué est un des meilleurs

et des plus économiques pour les vaches à lait.

 

Il est à la fois riche en matières grasses et en éléments azotés, et, comme toute nourriture riche en azote,

il contient également de grandes proportions de phosphates.

 

Pour employer le tourteau de coton décortiqué de la manière la plus profitable, il faut le réduire en poudre grossière

et mélanger cette poudre, en quantités à peu près égales, avec de la farine de maïs ou d'orge.

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Si l'on ne peut pas le réduire ainsi en poudre, il faut le faire macérer dans l'eau après l'avoir fait passer

dans un concasseur: il devient ainsi plus mou et d'une digestion plus facile pour les animaux.

 

Le tourteau de navette est également une excellente nourriture pour les vaches à lait, pourvu qu'il soit pur

de graines étrangères qui y sont trop souvent mélangées.

 

Le meilleur est celui de la navette verte d'Allemagne, un des aliments les meilleurs et les plus économiques

qui se puissent rencontrer.

 

Les drèches de brasseries forment la principale nourriture des vacheries des villes dans la Grande Bretagne ;

le prix auquel on peut se les y procurer rend cette nourriture la plus économique dans de semblables circonstances.

 

Les drèches sont beaucoup plus nourrissantes qu'elles ne le paraissent au premier abord.

 

Dans les conditions ordinaires où elles sont livrées par les brasseurs, elles contiennent de 76 à 77 p. 100 d'eau ; néanmoins, même sous cette forme, elles renferment un grand nombre d'éléments propres pour faire de la viande

et de la graisse.

 

Desséchées, elles ont encore 7 à 8 p. 100 d'eau et environ 18 de substances azotées.

 

Sous cette forme, elles donnent de bon lait et fournissent des résultats tout à fait comparables

à ceux obtenus avec de la farine d'orge.

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De nombreuses et vives discussions, ajoute la Revue Scientifique,

se sont élevées dans ces derniers temps, en Angleterre, sur la valeur,

pour la nourriture des vaches laitières, des prairies irriguées

avec les eaux des égouts.

 

Les uns considèrent ces prairies comme donnant la nourriture

la plus abondante et la mieux appropriée pour la production du lait;

les autres prétendent, au contraire, que l'irrigation par les eaux d'égout, d'après toutes les expériences faites jusqu'à ce jour, ne peut donner

qu'une herbe peu nutritive et même dangereuse à un haut degré

pour les vaches à lait.

 

M. Wœlcker convient que l'herbe provenant des prairies irriguées

par les eaux d'égout est plus aqueuse, et, par conséquent,

moins nutritive que celle qui croit dans les bonnes prairies permanentes.

 

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C'est néanmoins une nourriture très-acceptable pour les fermiers laitiers qui donnent ordinairement

en même temps à leurs vaches de la farine de fèves ou d'autres aliments concentrés ;

et l'on ne doit pas la rejeter sous le prétexte fallacieux qu'elle rend le lait des vaches malsain

et dangereux pour les jeunes enfants.

 

Si l'eau d'égout ne pouvait pas être employée sur les prairies semées en ray-grass d'Italie,

de manière à amener une plus grande production de lait et de viande de boucherie,

il y a longtemps que l'on aurait abandonné ce système d'irrigation.

 

Convaincu qu'il y a là, au contraire, une source considérable d'accroissement de nourriture,

principalement pour les fermes à lait, M. Wœlcher termine en exprimant l'espoir que les autorités des villes

ne tarderont pas à comprendre l'avantage qu'elles trouveraient à employer en irrigations les eaux d'égout

qui aujourd'hui souillent les cours d'eau et les rivières ; en même temps ce serait le meilleur moyen d'assurer l'approvisionnement des laitiers en foin, en choux, en betteraves, etc., si nécessaires pour leurs étables.

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